mais c qui cet enfant gaté

certains me décrivent comme "branleur", d'autres comme "sensible derrière la carapace". En tous cas, ici, s'exprimera un petit bout de moi: celui des souffrances, des fantasmes et des envies

lundi 22 février 2010

Tribu

Simon,

il a qqs jours, ici même, je t'ai dit que je ne voulais pas prendre ton geste comme une accusation. Et que maintenant nous allions juste essayer d'aider ceux qui sont toujours là, ceux qui, comme ta maman me l'a dit hier matin, "ont choisi la vie, si toi tu as choisi la mort".
Aujourd'hui, maintenant que j'ai rejoint la tribu, que j'ai retrouvé notre sol, notre terre, je voudrais te dire que tu nous manques. Oh, je ne vais pas faire preuve d'hypocrisie: au cours des 15 dernières années, nous n'avions sans doute pas échangé bcp plus de 20 phrases... La dernière conversation avait été intense, forte. Tu m'avais fait part à la fois de ton désir et de ton rejet de notre tribu, de notre famille. Ton drame depuis 20 ans... Toujours ce besoin que nous n'intégrions, que nous te prouvions notre amour et, en même temps, dès que nous te tendions les bras, tu avais l'impression que c'était faux, que ct du "chiqué", tu ne t'y sentais pas bien et tu blessais ceux qui étaient tes plus proches...
"On choisit pas sa famille" comme dit la chanson...
Des tribus, tu en avais intégrées d'autres. Toutes moins solides les unes que les autres... Alors c'est toujours vers celle là que tu revenais, vers celle de ta mère, vers cette tribu où les rôles ne te convenaient pas, où tu ne voyais pas quelle pouvait être ta place, où là aussi tu te sentais exclu.

Ce qui a fait que, ce jour de l'automne dernier, tu as eu le courage d'aller dans ce jardin perdu, dans ton jardin secret, pour t'accrocher définitivement à un arbre, je n'en sais rien. Et j'imagine que seul toi (et peut être ta maman) le sais. Mais la question que nous nous posons aujourd'hui n'est pas savoir ce que nous aurions pu faire pour que tu ne passes pas à l'acte mais bien "qu'aurais je pu faire pour qu'il ressente qu'il avait sa place
parmi nous, qu'aurais je pu faire pour qu'il arrive à construire sa propre tribu loin de la notre si celle ci ne lui convenait pas, pour que ses tribus d'adoption soient compatibles avec celle dont il est issu, quels éléments aurais je pu lui donner pour que vivre soit un bonheur et pour qu'il fasse le choix de la vie"?
Et, Simon, je n'ai toujours pas de réponse à ça!!!
Mais ce que je voudrais te dire aussi (même si là où tu es ceci n'a plus d'importance) c'est d'abord et encore que tu nous manques, que le monde sera encore un peu plus vide sans toi. Et qu'aujourd'hui, je nous trouve nuls de ne pas avoir su faire de la place pour des gens comme toi, simplement un peu différents... Je voudrais te dire aussi que  le monde a besoin de gens avec ta sensibilité, avec ta gentillesse, avec ton écoute... et que ton petit cousin R. m'a encore dit hier matin que, même s'il ne te voyait pas souvent, c'est avec toi qu'il aimait discuter...
Je voudrais enfin, encore, te parler de la tribu. Elle va mal. Elle ressemble plus à rien...Mais ça, tu le sais: depuis que Papé est mort, il y a 15 ans, tout part en brioche... Te dire aussi que quand mon père m'a annoncé que ton corps avait été retrouvé, je me suis senti bien loin et les 700 km qui me séparaient de St M. m'ont semblé une immensité. Il a fallu soudain que je rentre: ct plus qu'une envie: un besoin. Retrouver notre terre, notre tribu, rentrer à St M., vite. Et j'ai encore ressenti à la fois ton besoin d'y être accepté et sans doute aussi ta difficulté d'être dans la branche en train de tomber alors que justement tu aurais aimé pouvoir t'y accrocher avec la main à cette branche.
Et depuis que je suis là, je peux enfin pleurer, je peux enfin tomber la carapace, je peux enfin cauchemarder, je dors mal mais je suis là, je suis avec toi, je suis avec nous: parler et se taire ont un sens, prendre qqn dans ses bras a un sens, pleurer a un sens.
Alors, pour finir, je voudrais juste te dire que même si la tribu elle ressemble plus à ce qu'elle était, même si tu as eu parfois l'impression que tu n'y avais pas ta place ou que la tribu ne t'y laissait pas la place à laquelle tu avais droit, aujourd'hui, la tribu pleure, Simon, la tribu TE pleure....

1 commentaire:

Anonyme a dit…

il y a un temps pour pleurer, un temps pour parler et puis... il faut continuer à vivre même si cela est dur, comme la vie.

je sais par où tu passes,j'y suis passé aussi, les traces ne s'éffacent pas elles restent indélébiles, mais nous vivons avec, nous ne pouvons pas revenir en arrière. La vie devra reprendre son cours car elle est ainsi faite.

il ne faut surtout pas culpabiliser car de toute façon le facteur déclenchant il l'avait trouvé sans vous le dire, et c'est pour cela qu'il est passé à l'acte. quoi que vous fassiez il l'aurait fait de toute façon. Comme tu le disais plutôt c'est son choix, il faut le respecter et ne garder que les bons souvenirs, les autres vont s'estomper naturellement.

courage à vous tous, l'épreuve est dure mais la vie continue...

la vie s'est comme une course d'orientation un départ, une arrivée et des points de passage imposés pour avancer... sauf que lui, il a décidé d'abandonner la course...
nous pourrons en reparler si tu le souhaite lorsque nous nous croiserons dans une fôrêt francillienne...ça fait toujours du bien de parler...

A bientôt